dimanche 10 avril 2016

A Mosta le film court: c'est loin voir...

Tout commence d'abord par une visite de bon matin dans la vieille ville.
L'ami Mostefa Abderrahmane me guide



Tigdit s'éveille, et je suis fasciné par les détails de la tradition et de la modernité qui se croisent (pantalon de velours... chech... ou smartphone en main...) des derniers et nouveaux habitants d'une cité agée de plusieurs siècles... là même où Ould Abderrahmane Kaki, créateur du théatre algérien de l'absurde dés les années 50 est né ... tout comme Mohamed Khadda, un des maitres de la peinture moderne... et tant d'autres écrivains, musiciens, photographes toujours vivants, exilés ou disparus... A l'oeil nu ont peut voir que les murs de Tigditt craquent; qu''ils n'en peuvent plus, n'empêche que les gestes de la vie captent encore avec simplicité la douce et fine lumière du jour...



Puis c'est l'espace àciel ouvert de la Maison de la culture Ould Aderrahmane Kaki sous le soleil de printemps.
Berbères, Djamel Allem (musicien-chanteur) entre Sid Ahmed Zerhouni (architecte, peintre) et moi même à l'entrée de la grande salle de cinéma.
Pause entre deux projections de documentaires, courts et longs métrages de fiction.
On y a assité à des révélations, inattendues, comme le film "Banc public", de Djamel Allem lui - même qui a poussé le bouchon a construire un film de moyen métrage sur la base rytmiques de belles musiques dont une d'Eric Satie...
Y joue une excellente comédienne (on comprendra a la fin qu'elle est aveugle) qui ne fait qu'être assise sur un banc dos tourné à la mer... surréaliste!




Sur le seuil d'un restaurant de la corniche: sérieux et débonnaires, parmi une foule de jeunes cinéastes et comédiens connus ou pas du tout : Sid Ahmed Kerzabi (cinéaste de formation, ancien Directeur du Parc National du Tassili), Fouad Soufi (Archiviste et Historien) et le réalisateur de longs métrages Ghouti Bendedouche en discussion avec le journaliste Kali d'El Watan.
Derriere eux (ou devant nous) une mer de rêve à la Ulysse...





Cette mer a toute une histoire dont Mohamed Chouikh, en commençant sa belle carrière, avait fait un film s'intitulant "Echabka", la nasse, sur des pêcheurs de l'oeud Cheliff qui se jette dans la mer juste derriere Mostaganem...
Ici, -le comédien qui avait été le partenaire de Marie José Nat (tiré d'un roman de Claire Etcherelli, prix Femina 1967)-  avec son gendre et moi même à la cafeteria de l'hotel des Sablettes où étaient logés la plupart des participants du Festival du film court et documentaire qui, en ouverture, a tenu à rendu hommage au réalisateur de La Citadelle mais, avant tout, à l'enfant de la ville des cinq saints protecteurs...





Un matin j'ai vu Touita Okacha, dans cette même salle des petits dejeuners chercher (vainement) un yaourt sans sucre... Il n'empêche que cette homme de grand cinéma s'est attaqué à des sujets complexes de notre histoire en les traitant de façon simple...
Pour "OPERATION MAILLOT" (2015) je lui demandais comment il a pu ramasser la doc pour si bien faire. (Ma question était fondée sur mon propre travail pour un livre biographique sur une résistante et poétesse de la même époque , projet pour lequel j'ai eu le plus grand mal à trouver ici les sources....)
Touita me regarde quelques secondes danbs les yeux... Puis fini par me dire: " j'ai mis 25 ans ; 25 ansdepuis le premier jet de scénario...à recommenceré et recommencer encoreé... Heureusement la famille Maillot m'a beaucoup aidé"...
J'ai profité pour saisir son image à cet instant précis ou de deux doigts il mesure l'espace-temps d'une solitude de film...
Merci Touita Okacha.
Merci aussi à tous ces fauteuils qui gardent silencieusement une mémoire dense qu'on finira bien par traiter un jour entre deux doigts...



Un matin alors que je dois l'interviewer sur l'histoire d'un souk de femmes (disparu), le souk enssa  de la vieille ville, je trouve Mostefa Abderrahmane en discussion avec un paysan....
...le cinéaste des films documentaires poignants "Les Cuves de la mort" et "Enfumades du Dahra" tenait sa documentation dans un sachet de plastic et ne cessait de relancer la  discussion avec des paysans à l'entrée même de la Maison de la Culture...
Derrière eux un bibliobus de la Bibliothèque nationale...
Que faisaient-ils là ces paysans? Ils attendaient de leur coté une réunion dans une petite salle.
Croisement...
J'ai patienté en appréciant leur belle et calme dignité; leur civilité.




Flash back...
Rachid Benallal...
Cinéaste et membre de la commission de selection du Festival du documentaire et film court de Mosta 2016. 
C'est un routier des festivals et une vieille connaissance depuis la cinémathèque algérienne où j'ai exercé durant les années 70... 
Chaque fois que je le rencontre (A Tizi Ouzou, Alger ou sur Facebook)  il me fais penser au grand acteur italien Toto qui a participé à plus d'une centaine de films dont un grand nombre qui ont fondé le néo-réalisme italien en noir et blanc... 
Toute une époque!
Avec Rachid Benallal on n'a jamais cessé de se croiser à la rue Charras et ailleurs, au hasard. Une fois dans un café il me raconte une anecdote d'enfance que j'enregistre sur le champ et que j'ai placée dans mon dernier ouvrage (voir plus haut) qui (d'ailleurs) ne devrait pas tarder à sortir...Une anecdote néoréaliste et "héroique" dans un sale temps de guerre: "la bataille d'Alger"... J'espère que vous lirez...Ici, j'ai réussi à capter sa gouailleuse et belle gueule d'Algérien heureux parce que sans illusion...


émoticône lik
Ould ezzenqa...ou l'enfant de la rue...


Il sortait d'où pour aller où?...
J'étais en voiture avec des amis quand il est passé devant nous, sur la chaussée...
J'ai ouvert la portière, montré mon smartphone...
Il s'est arrêté et s'est retourné vers moi timide et fier me montrer ce qu'il portait...
Trois déclics et je lui ai montré son image.
Il a souri mais il est vite reparti en courant en tenant serré ses chatons...
Néoréalisme?
Festival off?...


Abderrahmane Djelfaoui

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